#OccuponsMontréal – Yes we camp and read : la bibliothèque des peuples

NDLR: Ceci est un article de Marie D. Martel extrait de son blog Bibliomancienne. L’article est sous license Creative Commons BY-NC-SA. Vous pouvez également le consulter à la source : https://bibliomancienne.wordpress.com/2011/11/09/yes-we-camp-and-read-la-bibliotheque-des-peuples-a-occupons-montreal. Bonne Lecture !

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Occupons Montréal, Square-Victoria

Comme sur le territoire d’Occupy Wallstreet et celui d’Occupy Boston, il existe une bibliothèque sur le site d’Occupons Montréal. Cette bibliothèque est en plein développement. Depuis le 15 octobre, la collection s’est étendue : d’une trentaine de documents, elle en compte maintenant près de 200. Du point de vue du stockage, cela signifie que l’on est passé d’une pile à un meuble avec deux tablettes auquel s’est ajouté des caisses de vins en bois (surtout du merlot, si je me souviens bien) puis une étagère de six tablettes, puis une deuxième permettant de séparer la fiction des documentaires.

Les règlements sont les mêmes que ceux de Occupy Wallstreet Library (OWSL) : on emprunte et on ramène quand c’est terminé. Les emprunts ne sont pas enregistrés. Des ex-libris sont placés dans la seconde de couverture pour marquer l’appartenance du document à la communauté d’Occupons Montréal, au sens large des 99%, au sein duquel il est appelé à circuler et à être partagé.

Un étudiant a suggéré de mettre des étiquettes permettant d’inscrire le nom des lecteurs pour suivre le parcours d’un livre à travers la communauté. J’attendais qu’on fasse une telle demande : c’est tellement plus intéressant quand la suggestion vient des usagers.

De nouveaux livres arrivent tous les jours; plusieurs sortent et les meilleurs titres s’envolent souvent en moins d’une heure. C’est pour cette raison que les dons doivent se poursuivre.

On m’a très rapidement demandé de lutter contre…le désordre et l’entropie…en classant le matériel…La classification est en loose-Dewey (ou Dewey-take-it-easy). Bref, on ne s’énerve pas avec ça : quand quelqu’un se donne la peine d’aider à classer, je ne repasse en arrière pour remettre les 300 égarés dans les 200. (En revanche, on n’hésitera pas à réformer Dewey si l’on s’y sent à l’étroit – en raison des biais culturels que cette structure comporte de façon notoire).

La bibliothèque est stratégiquement localisée sur la rue principale, entre le centre d’informations et la cuisine. Mais il n’y a pas de comptoir de référence à proprement parler: le service est mobile…La section Radical Reference de Montréal qui est « un collectif qui soutient les communautés d’activistes, les organismes progressistes et les journalistes indépendants » s’est rendu disponible pour répondre à des questions. Les dépliants de RadRef sont bien en vus.

On l’a annoncé pour OWSL, la bibliothèque des peuples (ainsi nommée suivant la suggestion d’une occupante) dispose, elle aussi, d’uncatalogue en ligne par le biais de Librarything. Librarything a offert un espace gratuit à vie pour enregistrer les documents qui constituent la bibliothèque. Cette collection en ligne a déjà été signalée sur ce site en tant que « bibliothèque d’intérêt ». L’enregistrement des livres dans Librarything permet de dresser une partie de la mémoire de l’événement à travers les activités des lecteurs, à travers les contenus et les idées qui auront été accessibles ici.

Quelles sont les principales caractéristiques de cette collection ?

Les auteurs représentés par le plus grand nombre de titres et d’exemplaires sont Noam Chomsky, Platon et Félix Leclerc…suivi notamment par Aristote, Machiavel, Linda McQuaig (la Michael Moore du Canada) et William Gibson, le prophète de la science-fiction catégorie cyberpunk. Les deux classes les plus importances sont « sciences sociales » (avec une concentration du côté des pensées révolutionnaires et radicales) ainsi que « littérature ». On compte trois fois plus de livres en langue anglaise qu’en langue française –  c’est la contingence des dons : il y a eu plus de donateurs anglophones qui se sont manifestés.  Pourtant, les titres en français sortent davantage, ce qui contribue à déséquilibrer l’offre sur place. S’étonnera-t-on d’apprendre que les auteurs sont dans 78 % des cas des hommes ?

Après la gestion des collections, il serait intéressant d’envisager une démarche de médiation, des initiatives de lecture sociale, des recommandations, des lectures publiques comme il s’en fait à OWSL et Boston. Et puis, il pourrait y avoir des opportunités du côté des services numériques, le wifi fonctionne mieux qu’à mon bureau – quoique l’électricité soit une ressource rare. Mais, l’hiver s’en vient et les défis en terme de logistique et de conservation risquent d’être considérables…Cela dit, les archives constituent déjà, en ce moment, un enjeu assez monstrueux. Si le projet persiste, il faudrait aussi réseauter avec les autres Occupy Libraries pour le partage des meilleures pratiques.

C’est la troisième semaine où j’y vais à raison d’une ou quelques heures par jour, le midi ou en sortant du travail, le weekend (merci ma soeur et mon chum, bibliothécaires par courtoisie). Je dois partir pour 3 semaines à compter du weekend prochain…visiter des bibliothèques en Europe. J’espère que des collègues bibliothécaires et archivistes à Montréal seront prêts à tenir le fort si le fort tient. Vous êtes intéressés? Écrivez-moi. Because, yes we camp and read.

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Pour plus d’informations sur le mouvement Occupons et ses bibliothèques, voici une collection de liens.

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