ndlr: Ceci est un article de Lionel Dujol extrait de son blog « La bibliothèque apprivoisée« . L’article est sous licence CC: BY-NC-SA – Vous pouvez également lire l’article à la source > https://labibapprivoisee.wordpress.com/2011/10/05/etats-dame-sur-la-diffusion-de-ma-veille
Dans un billet précédent j’expliquais que :
« l’objectif d’une veille est d’apporter l’information dont le destinataire à besoin au moment où il en a besoin. C’est en cela que le veilleur est un capteur de signaux faibles dans les flux continus d’informations. Il ne s’agit pas seulement de repérer les bonnes ressources, il faut pointer l’information pertinente et la rendre disponible et utilisable pour soi mais aussi pour sa communauté de pratique ou d’intérêt. Veiller c’est donc et surtout diffuser, partager et capitaliser. »
Depuis plusieurs semaines je m’interroge sur la manière dont je partage et je diffuse ma veille sur le web social. Un regard critique que je désire partager.
Facebook a bonifié ma veille ou les limites d’une diffusion automatisée :
Dans un premier temps j’ai utilisé Facebook comme un simple canal de diffusion automatisée de ma veille via le service dlvr.it. Il me suffit d’appuyer sur le bouton de partage disponible dans mon Google Reader pour nourrir le flux rss qu’utilise dlvr.it pour propulser l’information sur mes profils sociaux. Un moyen très pratique mais qui ne diffuse qu’une information à faible valeur ajoutée. Un titre et une url. De moins en moins satisfait, j’ai décidé d’arrêter ce type de diffusion sur Facebook et de faire l’effort de “contextualiser” chaque information partagée par un commentaire ou une citation. Il m’arrive aussi d’indiquer par un “A lire +, ++, +++” un article que je considère important à lire. D’autre part je m’implique de manière plus active dans l’animation de ma communauté Facebook. Je « like » les ressources que je trouve intéressantes, en ayant bien conscience qu’il s’agit là que d’un indice de popularité sociale, et surtout je commente par une précision, un avis voire même un lien, les statuts de me amis. Les résultats sont assez concluants. Il est rare qu’une information partagée sur mon profil ne soit pas « liker », reprise ou commentée. Je fais le même constat avec Google+, avec peut être à termedes effets plus bénéfiques pour mon référencement. Sans aucun doute une veille accompagnée d’une médiation facilite la possibilité d’un échange et confirme les propos de Jean François Gayrard :
Il ne s’agit pas d’être sur les réseaux sociaux pour être sur les réseaux sociaux parce que c’est à la mode. Il faut y être pour le partage et l’échange. Pour ce qui est du partage, certains partagent mais n’échangent jamais. On est en plein dans le narcissisme social ; « si tu veux que l’on s’intéresse à ce que tu fais ou ce que tu as dire, intéresse-toi à ce que les autres font ou ont a dire »
Plus intéressant, ce travail de médiation a bonifié ma veille. Commenter ou annoter m’oblige à prendre du recul sur ce que je vais partager. Ce temps court d’écriture m’a souvent convaincu de ne pas partager une information que j’avais jugé a priori intéressante. Avec un simple bouton de partage je n’aurais pas hésité à le faire, presque comme un réflexe.
Le maillon faible : Twitter ou le veilleur ?
Je n’ai pas réussi à faire ce travail avec Twitter. Ma time line continue à diffuser automatiquement ma veille tel un robinet d’information sans valeur ajoutée aucune.
Contrairement à Facebook, je n’ai aucune pratique sociale de Twitter. Je ne suis pas un adepte des #FF, je ne remercie pas lorsque l’on me retweete et je dois même vous avouer que je suis très rarement la time line de mes followers. Je retweete quelques infos lorsque j’y jette un oeil à mes minutes perdues. Par contre je suis très attentif aux tweets liés à un hashtag événementiel comme lors du dernier #Bookcamp4. Mais je ne participe pas plus aux échanges.
Pas de valeur ajoutée et aucune animation de communauté. Face à ce constat je me suis interrogé sur l’intérêt de garder ce profil. J’ai donc posé la question à mes followers. L’un d’eux m’a répondu “ L’intérêt ? Celui de ceux qui suivent !” A force de cogiter on ne voit plus l’évidence.
La question serait plutôt de savoir si je désire continuer à diffuser ma veille de manière automatique sur Twitter. Non, dans l’absolu. Mais ce n’est pas si simple. Il m’est difficile de faire un simple copier-coller de mes annotations Facebook sur Twitter – ce que je fais sans souci avec ma liste de partage sur Google Reader grâce àla fonctionnalité « envoyer à ». Le petit oiseau bleu m’oblige à 140 caractères, tiny url et mention source comprises. Il faut donc aller à l’essentiel en 80 caractères, parfois jusqu’à la caricature. Je crois surtout que je ne suis pas compatible avec Twitter. Va pour le robinet et ceux qui s’y abreuvent n’auront qu’à valoriser .
Diffuser moins et mieux et revenir à une veille durable
Récemment, J’ai reçu un message d’une bibliothécaire qui me faisait part de son sentiment paradoxal. A la fois elle appréciait mes recommandations de lecture et en même temps elle était frustrée de ne pouvoir tout lire. Ce fut un déclic. Partager trop d’informations, tue la veille. J’ai donc levé le pied. Je considère qu’au delà d’une quinzaine de recommandations par jour, je contribue à la sursaturation informationnelle ambiante. Ce quota est arbitraire mais il a au moins le mérite, couplé avec l’effort de « contextualisation », de m’éviter l’écueil du partage réflexe.
Un dernier point. La diffusion de sa veille sur les réseaux sociaux est éphémère. C’est une lacune majeure. Sachant qu’un message sur Facebook n’est visible qu’une poignée d’heures en moyenne, que reste-il des liens partagés au bout d’une semaine ? En outre Il est très difficile de capitaliser l’information disponible sur les réseaux sociaux. Il est donc important de revenir à « une diffusion durable ». La « Veille apprivoisée » est une tentative. Chaque semaine je publie sur ce blog, le meilleur de ma veille commentée en moins de 10 liens. Celle-ci est ainsi taguée, indexée, visible et pérenne. Elle s’adresse à ceux qui ne sont pas sur les réseaux sociaux et ils sont nombreux dans notre communauté professionnelle, mais aussi à ceux qui n’ont pas un temps infini à consacrer à la veille.
La feuille de route se précise donc :
– Miser sur la qualité et moins sur la quantité d’informations partagées.
– Apporter une valeur ajoutée à ce qui est propulsé.
– Animer la communauté d’amis sur Facebook/Google plus (?) car elle m’enrichie de ses recommandations et de ses commentaires.
– Utiliser Twitter comme un simple canal de diffusion.
– Laisser une trace durable sur ce blog avec la « Veille apprivoisée ».
– Ne pas oublier que tout cela est terriblement chronophage…